La littérature béninoise vient de s’enrichir en accueillant dans son catalogue un roman à l’allure autobiographique ( ce que l’auteure réfute). Je veux parler de Tu m’aimes trop tard de Akouélé Perpétue DOSSOUVI. Pour apercevoir le côté autobiographique de l’ouvrage, il importe de faire un aperçu biographique de la nouvelle romancière.
Titulaire d’une licence en Géographie et après trois ans d’étude en Lettres – modernes, Akouélé Perpétue DOSSOUVI quitte l’Université pour aller apprendre la couture. Par la voix de son personnage Aude, nous en comprendrons la raison :
« les fois où je venais survivre les cours à l’université, ils me considéraient comme un nouveau. Ils étaient toujours occupés, soit à lire de volumineuses polycopies qui ne servaient à rien, soit à discuter dans leur groupe d’exposé. Je n’avais plus de nouvelles sur les cours dans les amphis. J’étais embrouillée… ma passion pour la couture avait commencé à dominer cette voix qui chuchotait en moi. J’ai alors laissé mes amis dans leur monde théorique et me suis mise à construire le mien de manière pratique » p. 164.
Ce choix de formation fera d’elle une couturière professionnelle créatrice de mode et formatrice dans le Centre des Métiers de la Mode dont elle est d’ailleurs la Promotrice dans la commune d’Abomey-Calavi.
Parallèlement à ses activités de couturière, elle exerce une passion : lire et écrire. La narratrice qui fait écho à la voix de Akouélé Perpétue DOSSOUVI nous présente sa relation avec les lettres comme une habitude car, dit-elle:
« d’habitude, les soirs quand elle rentre, elle griffonnait quelques lignes sur des pages blanches de son cahier comme le font les écrivains distraits…pour terminer la soirée, elle s’affalait dans son lit et tirait nonchalamment un livre, l’ouvrait et lisait quelques mots avant de laisser tomber le livre sous l’effet du sommeil. C’était à cela que se résumaient ses soirées », pp.44-45.
Cette passion va lui ouvrir une page bibliographique dans les annales de la littérature béninoise où elle enregistre T’aimes trop tard, son premier ouvrage qui nous réuni ici.
Comme déjà
évoqué, Tu m’aimes trop tard est un roman édité aux Editions Beninlivres en 2022 enregistré au numéro ISBN978-99982-60-62-7 à la Bibliothèque nationale du Bénin.
L’ouvrage s’étend sur 296 pages. A la première de couverture sont inscrits en haut dans l’angle droit, le nom de l’auteur, au milieu le titre du livre suivi de son genre. Dans la deuxième moitié de la page de couverture, figure une robe présentée de face et dont le dos est reflété par un miroir en arrière plan. Cette image représente le métier de l’héroïne et de la narratrice.
Totalement en bas la mention de la maison d’édition : Beninlivres. Le fond du livre est d’un blanc entouré dans les quatre angles de la couleur rose foncée, devenue diffuse à mesure que, de chaque angle, elle tend à se mêler par les rebords, symbole de la non-convergence de l’amour des personnages. A la quatrième de couverture, figure sur fond blanc et dans la première moitié, un extrait du livre suivi d’un aperçu bibliographique de l’auteure.
Totalement en bas de ladite page se trouve à nouveau sur un ruban rose dans le coin gauche la mention de la maison d’édition distancié du numéro ISBN lui représenté dans l’angle inférieur droit.
L’histoire est racontée par un narrateur homodiégétique ami du personnage principal qui parfois prête sa voix à des personnages.
L’histoire débute dans un atelier de couture où la narratrice tombe sous les charmes d’un jeune client Fahad à qui elle déclarera son amour. Mais Fahad au lieu de son amour offrit plutôt son amitié à Aude qui ne pouvait se contenter de si peu. Elle insista de son mieux pour se faire aimer mais en vain. Blessée dans son orgue face au mépris de son amour par Fahad elle voyage sur l’Afrique du Sud. A son retour, le hasard voulût qu’elle cohabite avec Fahad qu’elle va devoir côtoyer tous les jours. Cette cohabitation ne fera que raviver la flamme de cet amour toujours méprisé par Fahad.
Avec le temps cependant, Fahad va tomber amoureux de Aude après lui avoir construit une réputation immorale. Mais le temps de la survenue de cet amour se prête-t-il à son acceptation par Aude ? Tu m’aimes trop tard est un récit d’un amour décomplexé que le lecteur lit entre impatience et exclamation et de bout en bouts.
Mais l’amour n’est pas que le seul thème abordé dans le livre.
Roman à thèse, Tu m’aimes trop tard est un réquisitoire du système éducatif jugé « dévasté » par l’essayiste Roger Koudoadinou. La narratrice s’attarde longuement sur l’inadéquation du système éducatif avec les réalités béninoises et prône une éducation pratique sur le modèle chinois. Par son choix de métier d’ailleurs, la narratrice donne déjà l’exemple à suivre. D’autres thèmes secondaires sont aussi illustrés par la narration comme l’amitié, la trahison, l’inceste etc.
Du point de vue stylistique l’ouvrage se lit avec aisance mais au plan narratologique nécessite du lecteur une attention soutenue pour hiérarchiser les récits.
Au demeurant, Tu m’aimes trop tard laisse présager que son autrice à de beau jour devant elle dans le monde des lettres. Par cette première parution elle a su prouver sa maîtrise suffisante des techniques narratives et de la langue française tout autant que sa capacité d’imagination surprenante. Tu m’aimes trop tard est donc loin d’être un roman d’apprentissage pour une première. Il est plutôt un ouvrage plus intéressant à plus d’un titre que des ouvrages commis par des auteurs pourtant réputés.
Par Rodrigue GOUNDA, © BENINLIVRES, mai 2022