Le 08 mars est l’une des journées les plus célébrées au monde. La journée de la femme, disent- ils. La journée des droits des femmes, défendent – ils. Et hommes devant, femmes alignées derrière, ils magnifient les femmes. Fanfare, foulard extravagant noué à la tête, maquillage exagéré, les femmes, elles – mêmes se prêtent naïvement à ce jeu politique, à cette scène de propagande, à ce tableau de chosification moderne de la classe féminine.
Le 08 mars, le fameux 08 mars, ici nous l’avions créé, il y a bien longtemps. Sans crier 08 mars, nous glorifions déjà la gent féminine. Il suffit de lire, par exemple le roman Vodoun, la forteresse d’espérance de Micheline Adjovi pour comprendre que dans les cultes traditionnels africains, la femme n’est point mise au second rang. La lecture de l’immense roman Les appels du Vodoun de Olympe Bhêly Quenum est également une illustration de la valeur qu’accordent les cultes Vodoun à la femme.
Chez nous, la femme est logée au premier rang lors des prières. Chez nous, la femme organise et célèbre le culte. Chez nous, la femme est Prêtresse, Grande Prêtresse du culte. Elle n’est pas assistante du célébrant. Elle est célébrante en chef. Nous glorifions la gent féminine depuis la nuit des temps.
Nous avions notre 08 mars avant la leur. Notre journée de la femme, c’est l’Odjoutô. Je n’ose pas dire c’était l’Odjoutô, puisque, cette célébration continue jusqu’à nos jours.
En réalité, j’ai entendu parler de cette journée, par la plume de *Ida Gnimagnon. C’est une talentueuse auteure, longtemps restée dans l’ombre que Carmen Toudonou nous révèle dans l’ouvrage collectif *Sororité chérie*.
Sur les pages 175 à 178 du livre, vous découvrirez Ida Gnimagnon, dans la beauté de son texte titré L’Odjoutô.
En réalité, l’Odjoutô est une pratique traditionnelle, une journée rituelle qui reconnaît à la femme sa supériorité sur l’homme. Au cours de la célébration, les femmes, en groupe, dans un << mouvement spontané>>, munis de bâton, de chicottes et tout autre objet de la même fonction, prennent pouvoir sur tout corps masculin. En d’autres termes, c’est une journée qui donne autorité aux femmes de châtier tout homme qui tombe sur leur procession. Une journée démyzoginée. Une célébration de la bravoure de la femme.
Dans l’ouvrage, Ida Gnimagnon, par la voix de la narratrice nous présente la joie d’une femme Iya Oodou, qui a participé à cette célébration, et qui fièrement a chicotté son époux. Comme ses nombreuses compaires du carnaval rituel. L’homme s’est retrouvé nez à nez avec la procession des femmes. L’inévitable devrait se produire. Par le groupe de femmes, il doit être châtié. C’est l’Odjoutô.
Savez-vous pourquoi Iya Oodou, l’héroïne du récit est – elle contente d’avoir participé à la manifestation ? Voudriez – vous savoir pour quelles raisons, elle s’est vraiment réjouie d’avoir chicotté son mari? Alors, achetez Sororité chérie et lisez l’Odjoutô de Ida Gnimagnon.
Quant à moi, je vous précise que loin de ce que nous pouvons imaginer l’Odjoutô ne prône pas la violence, encore moins la bastonnade des hommes par les femmes. Il prône au contraire le [….]. Je vous laisse découvrir, par vous – même, ce que Ida Gnimagnon a écrit à ce sujet.
Par Esckil AGBO © Le Vendeur national de livres