Elle est la première femme noire africaine ayant eu le rôle du personnage principal dans un long- métrage, en interprétant Diouana dans le film La Noire de…, écrit et réalisé par Ousmane Sembène en 1966. Mbissine Thérèse Diop, malgré le poids de l’âge (71 ans) est de nouveau sur scène, avec Mignonnes, le 1er long – métrage de sa compatriote Maïmouna Doucouré, réalisé en 2020.
Mbissine Thérèse Diop est une grande actrice sénégalaise née en 1949 à Dakar, d’un père musulman et d’une mère catholique. A l’âge de 16 ans, elle s’inscrit à l’Ecole des arts de Dakar, avant de croiser plus tard Ousmane Sembène qui préparait la sortie de son film La Noire de…, le premier long – métrage d’un Cinéaste d’Afrique noire.
A 17 ans, elle fit ses premiers pas dans le cinéma professionnel avec la fiction de l’Ecrivain – cinéaste sénégalais, en jouant Diouana , « une domestique embauchée en Afrique par une famille de coopérants français, et qui les suit en métropole. Elle y est confrontée à la solitude, au racisme, à la maltraitance et finit par se suicider ».
Après cette première expérience, elle a multiplié les interprétations dans plusieurs autres films parmi lesquels, Soleil noir, un film consacré à Patrice Lumumba réalisé par Aleksei Speshnev (1970) et Emitai d’Ousmane Sembène (1971).
Plusieurs fois distinguée – Tanit d’or des Journées cinématographiques de Carthage (1966) à titre illustratif, Mbissine Thérèse Diop est pour les jeunes cinéastes africains une référence, une personne ressource. « L’avoir dans mon film est une grâce », s’est réjoui la réalisatrice Maïmouna Doucouré dans un entretien avec nos confrères de Franceinfo.
En effet, dans Mignonnes, Mbissine Thérèse Diop a joué le rôle de la tante de l’héroïne ; une vieille femme, gardienne des traditions, pour qui tout devra rester intact. Voici le témoignage de la jeune Cinéaste sur la personnalité de Mbissine Thérèse Diop.
Maïmouna Doucouré au micro de Franceinfo :
« L’aspect intergénérationnel a son importance. C’est un film qui interroge sur la place des femmes dans la société, sur comment devenir une femme aujourd’hui. J’avais envie de raconter cette jeunesse qui vit en France, cette mère qui est entre les deux et cette femme, la gardienne du temple en quelque sorte. Mbissine s’est imposée comme une évidence. J’ai entendu parler d’elle et j’ai récemment vu un court métrage dans lequel elle jouait. Dans la foulée, je suis allée chez elle, nous avons échangé, je l’ai filmée et la puissance de son regard et de son visage m’ont bouleversée. Je lui ai dit : “Tu es le personnage”. Elle prend magnifiquement bien la lumière. C’est une comédienne captivante et c’est symboliquement très fort. Elle a joué dans le premier film africain notoire. Aujourd’hui, l’avoir dans mon film est une grâce ».
Par Esckil AGBO © BENINLIVRES, août 2020