Djèhami : Avec ce livre, vous vous verrez dans la femme

Djèhami : Avec ce livre, vous vous verrez dans la femme

LA CHRONIQUE. Richard ADODJEVO à travers son recueil de nouvelles Djèhami paru chez LAHA Editions en 2021  revient sur le rôle  de la femme contemporaine  au milieu du conflit  permanent entre tradition et modernité. Décryptage du statut de la femme dans ce beau livre du jeune auteur béninois. 

La femme ! Encore la femme ! Toujours la femme ! D’elle, les  artistes (chanteurs, comédiens, Peintres, écrivains…) ne cesseront de parler. Le jeune auteur du Bénin, Richard Adodjèvo,  à l’instar de ses nombreux aînés  comme Seydou Badian (Sous l’Orage), Mariama Bâ (Une si longue lettre),  Olympe – Bhêly Quenum (Un piège sans fin), Adélaïde Fassinou (Le journal d’Eesclamonde) Sophie Adonon (Assouka ou encore de son contemporain Rodrigue Gounda  (Les rêves d’un lit malpropre)  fait parler la femme dans son livre Djèhami.

Dans la première nouvelle « A moitié nue », la jeune Houéfa, professeure de philosophie porte la lourde croix de l’enseignement, assumant ainsi la difficile mais noble mission d’éducation de la jeune génération en déroute. Cela est une preuve que les femmes participent au développement de leur pays. Aussi Houéfa a été d’un soutien indéniable pour la réussite de son époux, vu la complicité qui règne dans ce couple. Comme le dit le dicton, « derrière un grand homme se cache une femme ». De même l’auteur dénonce le harcèlement sexuel dont sont de plus en plus  victimes les femmes. C’est à travers le comportement de Gbèdossou AKOBANON.

Ensuite, la jeune Djèhami a accompli certaines prouesses dans la nouvelle qui porte son nom. Croyante fervente en Christ, elle  prône comme son père, les bonnes valeurs morales telles l’entraide, la tolérance, la patience quand bien même elle se sera perdue dans une ivresse d’amour interdit, pour le père stagiaire Mahussin. Comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage, « âme sœur- arme fatale » elle incarne trop bien l’envers et le revers de la médaille.

Plus loin, la troisième nouvelle « La fille du Bar » relate dès les premières pages, une scène dramatique de terrorisme marquée par le viol de plusieurs femmes. Cela illustre encore les violences dont sont victimes les filles et les femmes nonobstant les efforts des ONG et des mesures drastiques prises par les gouvernants. Les braqueurs, « des erreurs de fécondation » comme les désigne l’auteur, continuent de semer la terreur à l’instar des cybercriminels. Agbazamimin échappant au mariage forcé va s’engluer dans la prostitution et risquer le sacrifice humain. Par ailleurs,  l’image avec laquelle Richard Adodjèvo narre le sort  de la jeune Agbazamimin et de sa mère suite à la mort du chef de famille Kusso, est un puissant canal pour dénoncer certaines traditions rétrogrades qui désacralisent le statut  de la femme.

 

Enfin, la dernière nouvelle « Le premier amour », est typique de son genre littéraire. Elle laisse le lecteur sans voix devant l’annonce de l’enfant né du feu ardent de l’amour entre Bola et Ado. La fin de l’histoire montre combien Bola a souffert durant les longues années d’absence de son conjoint, non seulement avec un enfant mais avec le lourd poids de ses sentiments. Elle a su garder le silence durant tout ce temps et vivre loin d’Ado juste pour ne pas lui causer du tort et le laisser vivre sa nouvelle vie paisiblement. Cet acte prouve le grand nombre de sacrifices que font certaines femmes pour le bonheur de leur conjoint, de leurs enfants et de leur famille.

Remarquons pour finir que la plupart des principaux personnages sont des femmes. Loin d’être le fruit d’un hasard, c’est la preuve que la femme est le socle même de toute nation.

Wail Ayinla   BAKARY,

Elève en classe de Tle D1 au Collège Roger Lafia de Parakou