Du livre à l’écran : Grand-mère Dix – neuf et le secret de la révolution soviétique, une réalisation infidèle ?

Du livre à l’écran : Grand-mère Dix – neuf et le secret de la révolution soviétique, une réalisation infidèle ?


LA CHRONIQUEGrand – Mère Dix – Neuf et le secret de la révolution soviétique est le titre du troisième roman de l’Ecrivain angolais, Ondjaki, publié chez Métaillé en 2021. Il a été adapté au cinéma, sous le même titre par le Mozambicain Joao Ribeiro.

Grand-mère Dix – neuf et le secret de la révolution soviétique est un roman à la fois politique et historique qui revient sur l’occupation de l’Angola par les Russes. Se servant de la voix de trois enfants, Ondjaki, de son vrai nom Ndalu de Almeida, raconte la révolution soviétique dans son pays.


En effet, dans un paisible quartier de Luanda situé au bord de la mer, il est annoncé aux habitants la construction du mausolée d’un Président mort, il y a bien des années. Pour achever la réalisation de ce monument, les autorités décident de détruire les maisons aux fins de déguerpir leurs occupants. La paisible vie des habitants du quartier est ainsi menacée. Pour sauver le quartier, Jaki, un jeune enfant s’inspire de la situation de sa grand- mère Agnette, devenue Grand – Mère Dix – Neuf, pour avoir ‘’coupé’’ un doigt au pied pour se guérir d’une infection. Il élabore avec son ami Pi un plan de destruction du monument : enlever le mausolée pour que le quartier retrouve sa paix.


Le roman présente deux qualités majeures, en dehors bien sûr de la simplicité de la plume de son auteur : humour et poésie.
L’humour – Ondjaki a peint tous ces personnages avec des traits humoristiques, aussi bien dans les propos tenus que dans les actes posés. Un pompiste avec une station sans essence, un chirurgien qui invite sa patiente à danser avant son opération ou encore un enfant, toujours en quête de réponse mathématique à toutes les préoccupations qu’on lui expose. Dans ce roman, chaque personnage est tissé avec des valeurs psychologiques renvoyant à l’humour. On y décèle un développement de procédés comme l’ironie, la moquerie, la raillerie, la dérision, etc.
La poésie – le jeune romancier angolais s’est donné le pouvoir de créer, chez lui, les mots ont tendance à avoir plus de pouvoir ou de portée que dans leur utilisation habituelle. En prêtant sa plume à un langage d’enfant, Ondjaki suggère à ses lecteurs une prose poétique. D’ailleurs, dans le titre, on remarque une parfaite cohabitation entre le symbolisme et la métaphore. Comme Baudelaire, il invente ses propres contraintes formelles par une syntaxe rythmée et un style d’images libres pour proposer un bel environnement lexical. Mais à l’écran que retient – on de ses qualités du livre ?

Trop de dialogues pour peu d’actions

L’adaptation de Grand – Mère Dix – Neuf et le secret la révolution soviétique au cinéma n’a pas rendu le roman comme on l’aurait souhaité. Plat et presque ennuyant, le film de Joao Ribeiro n’est pas un grand succès. C’est l’observation que nous avons faite lors de la 32ème session des Journées cinématographiques de Carthage – JCC 2021 où il a été projeté.
Toute analyse faite, on peut faire trois grands reproches à la réalisation. D’abord, les actions. Il n’y a vraiment pas eu d’actions dans ce long – métrage. Or l’une des qualités des grands films, c’est la force des actions. Une fiction sans action est très rarement aimée du public. Ensuite, le dialogue. La quasi – absence d’action a laissé place à un excès de dialogue. L’excès en toute chose, dit – on, est nuisible. Dans le monde du cinéma, il ennuie. Grand – Mère Dix – Neuf et le secret de la révolution soviétique n’en est pas une exception. Enfin, la musique. Dans ce film, ce qui séduit, ce n’est pas la musique.


Par Esckil AGBO© BENINLIVRES novembre 2021