LA CHRONIQUE. Le bébé pèse 256 pages. Il est né chez Présence africaine et s’appelle Le trio bleu. Il appartient à la famille des romans et mesure 21×13,5 cm. C’est le dernier né de l’écrivaine d’origine sénégalaise Ken Bugul.
Dans Le trio bleu, la très connue et grande romancière présente trois histoires de trois jeunes ; trois récits de trois hommes qui ont en commun le désespoir, la désolation et le chagrin.Cœur brisé, espoir perdu, les trois jeunes ont pris chacune une décision.
Cet ouvrage partage, à notre avis la même âme que Le hiatus, roman de la Béninoise Sophie Adonon qui expose la vie de trois amies ( une Béninoise, une Ivoirienne et une Burkinabè), ayant en commun le destin cadenassé par la sorcellerie. Elles ont pris, chacune une décision.
Des trois expériences de vie racontées dans Le trio bleu, c’est celle du Sénégalais Gòora qui retient principalement l’attention. Celui – ci est d’ailleurs le personnage principal de l’oeuvre. Hanté par la folle envie de retrouver sa terre natale et Jòojo, son amour de jeunesse, ceci après un séjour non réjouissant en Europe, Gòora est contraint de faire face à l’effondrement des valeurs légendaires de son village : l’honnêteté, la solidarité, le tissu familial, la fraternité…
Le trio bleu réaffirme le statut de Grande Romancière de Ken Bugul. C’est une écriture pleine d’africanité et de vérité sur l’Afrique et l’Europe.
On y lit une Afrique riche, mais qui s’affaiblit de jour en jour à cause de la perte progressive d’espoir au sein de sa jeunesse. On y lit également une Europe déshumanisante, une Europe qui s’écarte égoïstement de l’humain. On y lit, de même, une Ken Bugul enragée contre l’injustice, les trahisons, les divisions familiales et surtout la disparition du cordon social.
Toutefois, il y a, avons – nous remarqué, une orientation universellement reconnue à la plume de l’Ecrivaine qui paraît absente dans son nouveau roman. Nous en parlons dans notre prochaine chronique sur Le trio bleu.
Par Esckil AGBO © BENINLIVRES, février 2022