Colbert Tachegnon Dossa est un jeune auteur du Bénin. Errance dans nos sables mouvants est son 1er ouvrage, publié en 2017 chez les éditions Plurielles à Cotonou. Dans dans une simplicité langagière sans pareille, il y a ‘’caricaturé’’ quelques réalités des sociétés africaines.
Errance dans nos sables mouvants ou le tableau pour peindre les vacheries, les immondices et les salissures de la société humaine. Ce livre qui est d’ailleurs sélectionné pour l’édition 2019 du concours national de lecture, « Lire, c’est élire » est une véritable pépite.
Ajustez vos verres, puisque ce régal de 139 pages vous tiendra en haleine de la première à la dernière page! Fiction? Auto fiction? Peu importe puisque Saint Beuve dit déjà qu’il y a dans chaque œuvre romanesque des éléments de la vie de son auteur, certaines vagues de son existence. Mais Colbert semble aller au-delà de la conception beuvéenne. Amis lecteurs, la vie que raconte ici l’auteur est la tienne, la mienne, la nôtre …
Qui est Colbert Dossa Tatchégnon?

Né Gbéko, sur une île de la vallée de l’Ouémé (Bénin) Colbert T. Dossa a été formé au département des Lettres Modernes à l’Université d’Abomey-Calavi. Enseignant de lettres et journaliste, il passe sa vie, comme il se plaît à le dire, entre la craie, la lecture et l’écriture.
Il a été lauréat de plusieurs concours littéraires dont “Lu Pour Vous” en 2007 et “Scénarios d’Afrique : les jeunes contre le Sida en 2008. En 2017”, il publie chez Les Editions Plurielles, Errances dans nos sables mouvants (autofictions).
Avec ce livre, il a pris part, en décembre 2017, à la première édition de l’opération Sauvons la Lecture au CEG1 Agatogbo (commune de Comè) organisée par l’association Education – Développement – Culture (EDeC-Bénin), puis, en novembre 2018, à la 12e édition de la Caravane du livre et de la lecture au Bénin. Sa bibliographie sera enrichie, dans quelques semaines, par la publication, aux Editions Plurielles, de son deuxième ouvrage intitulée Le poulet de la discorde et autres autofictions.
Présentation de Errance dans nos sables mouvants
Colbert Tatchégnon Dossa, donne à lire dix nouvelles toutes engagées et engageantes. Une littérature qui a osé ôter ses vêtements en plein jour devant tout le monde pour présenter un narrateur personnage au chômage. Pour survenir aux charges de son ménage, il donne des cours de vacation.
L’auteur va se servir de ce personnage pour transcrire les déceptions et les stupidités qui entourent les concours de l’État. 3*4000 est-il effectivement égal à 13000? Une incongruité mathématique née de la perversion d’un agent de la perception. En effet, il s’agit d’une information de recrutement d’enseignant au profit du ministère de l’enseignement secondaire. Une annonce heureuse se rassasiait déjà le narrateur!
« Mes compagnons d’infortune et moi ne pouvons que quitter des occasions de recrutement dans la fonction publique. Dieu merci, il y en a une que je viens d’apprendre. L’info vient de me parvenir pas SMS”, (page 19) ». « Ainsi, il doit se démener, se faire fou pour postuler. C’est pour lui le moment de saigner, d’être racketté, d’être volé par un agent de l’administration publique (pages 29-33) ».
« Il parvient néanmoins à se procurer ses quittances. Malheureusement, quand vient enfin le moment de déposer les dossiers, il est victime d’une forme de brigandage, de rapine » (page 37-42).
Au delà de cette invite à l’écoute de la ”voix de la corruption”, cette gangrène devenue le mot de passe privilégié des Africains dans les structures étatiques, l’auteur noue l’intrigue d’une autre nouvelle autour du pitoyable salaire des enseignants vacataires (pages 53-55). Le narrateur endetté jusqu’aux viscères va éprouver pendant toutes ses mésaventures, chagrins, infortunes, malheurs et tracasseries. Il va d’ailleurs échapper de peu à une scène de vindicte populaire (pages 109-111).
Commentaire
Errance dans nos sables mouvants est une écriture directe, un miroir promené le long des chemins tumultueux des pays africains pour, à l’arrivée, exposer sur un écran les travers de la société. Il est écrit sans moralisme et sans pré-tension, sans colère et sans posture outragée.
La fraîcheur de l’œuvre transcrit le mystère de la vacation et la profondeur d’une société corrompue. Les mots sont bien choisis et bien poignants. Les phrases sont moins longues, énergiques et rythmées. Le contenu est si juste qu’on découvre un auteur possédé par un désir d’attirer l’attention sur les conditions de travail des enseignants vacataires, les plus importants d’ailleurs du système.
C’est un réel régal de lire cette écriture-espoir de la littérature béninoise. Aucun horizon ne lui échappe. Le lecteur passe par toutes les émotions en lisant cette Errance dans nos sables mouvants : la colère, le sourire, les pleures, la révolte, etc.
Il ne sera pas donc fallacieux de dire que l’auteur visite avec aisance l’humour avant de transiter sur le pathétique. Du rire pour peindre la cruauté, la dureté, la médisance et la vilénie des hommes. C’est une pédagogique qui brouille les paradigmes de l’hypocrisie pour inventer un nouveau mode de vie et de gouvernance. Je vous le recommande promptement avec tambour battant.
Habib N’OUENI