Le discours suivant a été prononcé par l’Ecrivain Habib Dakpogan, le dimanche 20 septembre 2020 au centre culturel Akanga à Porto-Novo, à l’occasion de la 1re édition de la Journée du livre du Bénin qui rendait hommage à Dominique Titus, Père de la littérature policière au Bénin.
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<<Ce n’est pas dans la glace qu’il faut se considérer, hommes regardez-vous dans le papier>>
En sortant cette boutade métaphorique, Henri Michaux ne se figurait sans doute pas qu’il reprécisait la fondation même de l’acte d’être intellectuel, d’oser veiller tard quand tout le monde dort, oser parler quand tout le monde se tait, oser déranger quand tout le monde caresse, oser… marquer sa présence dans la jungle impitoyable mais luxuriante de la banalité.
Michaux ne se figurait pas qu’il donnait une raison d’être à toutes ces personnes ordinaires par leur condition d’homme mais extraordinaires par leur façon de semer l’éternité dans chacun des actes apparemment finis quils ont posés en ce bas monde… ces génies du quotidien comme Monsieur Dominique Titus dont j’ai toujours entendu parler très intrigué, que j’ai lu avec étonnement et que j’ai fini par croiser avec un sentiment qui va un peu plus loin que l’admiration.
J’avoue que j’avais quelque appréhension à aborder les quelques oeuvres de lui qu’il m’a été donné de lire. J’avoue qu’il m’a fallu juste moins d’une page pour me rendre compte que je venais de faire la rencontre d’un créateur hors normes.
Car non, ce n’est pas du polar que j’ai lu… C’est n’est même pas juste de la littérature, ce n’est pas seulement l’univers d’un auteur que j’ai découvert, c’est l’essence même d’un authentique écrivain. C’est bien peu dire que je me suis enivré. Et croyez moi, croiser Dominique Titus, c’est comme l’histoire des deux chasseurs. Celui qui a croisé le lion et celui qui ne l’a pas croisé. Les deux ne seront jamais les mêmes.
De vous avoir lu, Monsieur Titus, je l’ai dit tantôt, je suis scandalisé. Dévasté du fait qu’un si grand esprit soit si longtemps resté dans l’ombre. Ce n’est pas juste ni pour la postérité ni pour la qualité de notre littérature. Et je prends l’engagement de contribuer à ma manière à côté des amis qui m’ont devancé sur ce chemin, à faire découvrir votre virtuosité à l’humanité toute entière.
Mais finalement, je dois comprendre que, comme le chante Brassens avec sa gouaille habituelle, l’arc en ciel qui dure un quart l’heure, personne ne l’admire plus… Complétant ainsi le dicton si juste : le bien ne fait pas de bruit. Je l’ai compris à travers la sérénité qui et la bienveillance qui vous caractérisent et font les grands écrivains, que dis-je, les grands hommes.
Que dire davantage que merci d’avoir écrit ces joyaux que la poussière du temps n’a pas pu effriter ?
Par Habib DAKPOGAN, © BENINLIVRES 2020