[Hommage à OBQ] / Jouvrance A. Akpaki : Un piège sans fin ou ma course sans fin vers la classe de première…

[Hommage à OBQ] /  Jouvrance A. Akpaki : Un piège sans fin ou ma course sans fin vers la classe de première…
Jouvrance Aimérance AKPAKI

Jouvrance Aimérance Akpaki est professeure des collèges, spécialité Espagnole et artiste Marionnettiste.  Elle a une histoire particulière avec le roman Un piège sans fin. Dans cet hommage qu’elle  rend à Olympe Bhêly Quenum  dans le cadre des noces de diamant de l’ouvrage, Jouvrance Aimérance Akpaki  partage avec les internautes de radio Beninlivres  cette histoire.

Récit

Couverture rouge, avec un personnage aux traits particuliers, quel est ce livre qui devient un composant de ta famille après lecture ?

Mère, je voudrais m’en procurer, telle était ma demande à ma mère, lors de l’achat des fournitures scolaires quand j’étais en 4ème. Le libraire nous faisait comprendre que je ne pourrai l’avoir qu’après le Bepc et précisément qu’en classe de première. Quel dégoût ! Je n’avais pas le choix. C’est maman qui tient les comptes. En attendant d’avoir l’âge ou du moins le niveau pour lire ce livre, mon goût  de lecture se développait au fil des années. Maman qui a lu ce livre ne cessait de me répéter chaque année la même phrase,« ce livre regorge plein de pièges que tu devras détecter, il faut un certain degré de maturité sinon, tu risques de connaitre le même sort que le personnage principal ».

Le même sort ? Quelle est cette malédiction que m’évite maman ? Qui est cet énigme personnage ? Je n’avais pas encore eu le droit de lire ce livre qu’il suscite déjà en moi des émois. C’est cela justement le Piège Sans Fin. Dès l’annonce des résultats de fin d’année de seconde, je rappelai à maman qu’il était enfin tant qu’elle tienne parole. Mais c’était les vacances. Je devrais encore attendre août pour que maman et moi fîmes le tour de ces étalages de l’étoile rouge où on pouvait lire « RAL-La Rentrée Aura Lieu ». Me voici enfin en possession de ce fameux livre que j’attendis depuis tant d’années.

Au fil de mes lectures, je découvris pour la première fois le sens de l’amour à travers le symbole de l’orange. Ce sentiment noble et plein d’espoir qui brusquement céda à la jalousie. Confuse et étonnée, étais-je quand tout ce beau rêve tourna au drame. Malheur à cet auteur qui a osé faire souffrir autant mes émotions ai-je dit à la page du suicide de Ahouna.

Quel est ce livre qui devient un composant de ta famille après lecture ?

« C’est une fiction m’expliqua maman ». La réussite d’une œuvre littéraire réside justement dans la recherche de ces émotions chez le lecteur réaffirma maman. Non, non les fictions émanent toujours d’une réalité lui rétorquai-je.

Olympe Bhêly Quenum, d’où a-t-il eu l’inspiration… Je n’y croyais pas. Était-ce un songe? Ou une vision? Il n’y a qu’une imagination au-delà du naturel pour donner vie à cette quintessence aussi émouvante. C’est divin !

Quand il fut question de faire des exposées autour de ce roman, je n’ai pas osé relire l’œuvre. Ce fut un camarade qui m’a lu la fin de l’histoire, le suicide de Ahouna. Je m’étais fondu en larme au point où toute la classe croyait que je venais de perdre un parent proche. Oui, c’est cela  le Piège Sans Fin que maman voulait m’éviter d’être guet-apens. C’est cela  le Piège Sans Fin d’Olympe. C’est cela  le composant de la famille dont nous avons envie de célébrer le deuil chaque année.

 Pendant les moments d’exposé, je me rappelle avoir milité pour rester dans le groupe des camarades qui avaient pour thème d’exposé le destin. Je voulais réécrire le roman à ma manière. Je voulais redonner le souffle de vie à Ahouna. Je voulais l’empêcher de commettre cet horrible auto-crime. Hélas, le professeur m’en a empêché.

Je continue de penser que ce livre est une vision littéraire révélée par la lumière divine. J’en ai encore parlé avec maman qui continue de me faire croire que c’est une simple fiction. 

Je pense que Ahouna et son père ont vécu cette misère terrestre pour que l’auteur vive une vie heureuse. Un Piège Sans Fin est une thérapie littéraire rendue publique par un illuminé aux profanes. Pour cela, j’ai envie de dire à Olympe, papa, vis autant que tu le peux. Et quand tu partiras de ce monde, retrouve Ahouna et dis-lui que je l’aime.

Papa Olympe vis autant que tu le peux. Et quand tu partiras de ce monde, retrouve Ahouna et dis-lui que je l’aime.

Dis-lui que les millions de lecteurs du roman Un Piège Sans Fin l’aiment. Et à toi, papa Olympe, quand tu ne seras plus là, sache que nous tes enfants littéraires t’aimons et allons poursuivre tes œuvres.

Jouvrance Aimérance AKPAKI, ©BENINLIVRES, avril 2020