Dans cet entretien, le Poète togolais Armand Esso revient sur sa participation à la 12ème Caravane du livre et de la lecture au Bénin. Il dit avoir constaté que dans l’ancien Dahomey, les lycéens et les collégiens sont plus proches de la lecture que les étudiants. De notre invité de la semaine, nous avons également eu quelques mots sur la littérature togolaise.
Interview
Radio Beninlivres : Vous êtes Togolais et en tant qu’écrivain, vous avez participé à la 12 ième caravane du livre et de la lecture au Bénin, en qualité d’invité d’honneur en Novembre 2018. Vous avez parcouru alors au cours de cette caravane, les villes choisies pour la circonstance notamment Cotonou, Abomey – Calavi, Porto Novo, Ouidah. Dressez- nous le bilan de votre séjour?
Armand M. Esso : Je remercie radio Beninlivre pour l’opportunité que vous offrez une fois encore à ma modeste personne d’exprimer à travers votre radio en ligne. En vous félicitant pour vos initiatives, je m’en vais répondre déjà à votre question concernant le bilan de mon séjour au Bénin. Je dirai d’une manière brève que mon séjour a été comme celui “d’un poisson dans l’eau.” Le Bénin et le Togo sont pour moi comme deux frères, d’un même père et d’une même mère. Et ce n’est pas ma première fois de traverser cette ligne imaginaire qui nous fait croire à la différence. En un mot, mon séjour au Bénin a été comme si j’étais dans mon pays.
Quel a été l’accueil du public béninois à votre égard?
Je réponds en deux volets à cette préoccupation.
Le premier est que le public béninois est un public de lecteurs. Mais j’ai comme l’impression que lors de mon passage, les enfants ont plus eu ce fou d’amour aux livres plus que l’ensemble du public que j’ai eu la chance à rencontrer. J’ai croisé un monde épris de livres dans les yeux des enfants de collèges que chez les étudiants. J’ose croire que c’est à cause des emplois du temps peut-être parallèle qui ont fait que les étudiants étaient presque absents au rendez-vous même au sein de l’Université d’Abomey-Calavi.
Le second volet, je dirai que, allez au Bénin pour un congé est différent de celui d’aller pour une occasion exceptionnelle comme celle de la caravane. Cette dernière, donne une autre appréhension. Ainsi, on va dire que j’ai été ému d’une part par un accueil rocambolesque et d’autre part pour une nonchalance par rapport à la lecture que le public fait en ce qui concerne le livre qui est une banque de connaissances. Mais en général, je retiens que l’accueil a été celui d’un bon enfant.
Qu’est-ce qui vous a marqué au cours de votre séjour?
Je le disais tantôt que j’ai croisé un monde de jeunes du collège et d’enfants du cours élémentaire premier degré qui m’ont montré leur tendre affection aux livres et à la lecture. Ce rendez-vous que je dirai exceptionnel est ancré dans ma mémoire. Des enfants férus du livre, de la lecture et de l’écriture m’ont beaucoup impressionné. Ainsi, je dirai que le Bénin peut compter sur les enfants pour la pérennité de leur culture car selon moi, un enfant bien instruit est une progéniture d’un bel avenir.
Avez – vous l’envie de revenir pour la même expérience?
L’écrivain n’est pas un modèle d’une seule expérience. Il se construit plutôt des expériences. Partir à nouveau dans la barque du livre ne serait pas de trop. Chaque jour est une nouvelle expérience et la seconde ne serait qu’un plaisir.
Quelle note attribuez-vous à cette 12 ième caravane ? Expliquez la motivation de cette note que vous avez donnée?
De l’expérience des autres on apprend dit-ont. Et j’ai beaucoup appris de cette caravane. Je pourrai sans hésiter donner une note de rigueur de 15/20. Cette note s’explique mieux par le sens aigu de la bonne organisation de l’événement, le cadrage par rapport aux dispositions, le choix bien focalisé, le respect d’emploi du temps et la collaboration entre les initiateurs et les écrivains.
Vous avez certainement noté des insuffisances
Je peux sans nul doute dire que la mobilisation en générale et surtout au niveau des étudiants autour du livre n’a pas été à la hauteur de ce grand évènement et cela ne motive guère. Quand on parle du livre, les oreilles devraient être grandes et les courses à se joindre intenses ; malheureusement!
Que les étudiants, étant le grenier du savoir, donnent un bel exemple en participant à ces genres de temps dédiés aux livres et à la lecture pour ne pas faire s’engouffrer l’aura du livre, le plus grand moyen de la transmission du savoir et de la culture. Sinon, c’était une caravane impeccable, nantie d’expériences et du partage entre le public et les auteurs autour du livre en général et de leurs livres en particulier sans oublier les vertus de la lecture.
Monsieur le journaliste, tout en vous remerciant pour l’aubaine, je voudrais saisir cette opportunité pour saluer Mme Prudientienne Gbaguidi, la DG de la Librairie Notre Dame, pour l’honneur qu’elle m’a fait en m’invitant à cette caravane, à M. Jean Florentin Agbona pour son implication indéfectible dans l’organisation, et à tous mes amis Ecrivaines et Ecrivains.
Parlons maintenant du Togo, votre pays. Dites-nous comment se porte la littérature togolaise?
Elle est en bonne forme. En effet, depuis le début des années 2000, la littérature togolaise porte un nouveau label ; celui des jeunes écrivains avec des publications aussi nouvelles dans tous les genres. Ainsi, on peut dire sans ambages que la littérature togolaise contemporaine est jeune et a un meilleur lendemain.
Quelle est l’implication des dirigeants togolais quand il s’agit du destin du livre notamment les autorités des Arts et de la culture?
La réussite d’un pays dans n’importe quel domaine ne peut aboutir sans l’implication de ces premiers responsables. Ainsi dire, je vais sans détour avouer que l’implication des autorités togolaises dans la culture en général et dans la littérature en particulier n’est pas négligeable. Même si l’assouvissement n’est pas total, il faut dire que grâce à leur détermination, il y a des jeunes comme moi qui ont eu l’opportunité d’être édité grâce à leurs différents soutiens
Qualifiez en trois mots la littérature togolaise?
Jeune, galopante, émergente.
Réalisation : Esckil AGBO