Interview/ Dr Armand Adjagbo : « L’homosexualité est une pathologie »

Interview/ Dr Armand Adjagbo : « L’homosexualité est une pathologie »
Dr Armand Adjagbo

Paroles à un Acteur du Livre. Nous recevons ce vendredi 21 août 2020 Armand Kintossou ADJAGBO. Il est titulaire d’un doctorat ès Lettres Modernes et d’une Licence en Droit, option Sciences Politiques et Relations Internationales. Enseignant de littérature africaine à l’Université de Parakou, à l’Université d’Abomey-Calavi et à l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo. Journaliste, il a  été Secrétaire général de l’Union des professionnels des médias du Bénin  – UPMB de 2016 à 2019.  Dr Armand Adjagbo est aussi Ecrivain, auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels Délices d’épices,  “Slamodrome” et de “L’autre visage de l’humain”. C’est à ce titre que nous le recevons.

Interview

Radio Beninlivres : Vous êtes spécialiste de la littérature africaine, quelle est votre perception de l’état actuel au niveau de cette littérature ?

Dr Armand K. ADJAGBO: La littérature en Afrique noire francophone se porte bien. Elle est dynamique, riche et exportable. La preuve est que les autres continents s’intéressent aux productions littéraires africaines dont certaines sont traduites en langues européennes, américaines et asiatiques. Certains écrivains africains sont au programme hors du continent noir. C’est un motif de satisfaction même si tout n’est pas rose.

Votre thèse de doctorat est intitulée : « La poétique de la déchéance dans le théâtre en Afrique noire francophone de 1990 à 2015 ». Cette thèse compte 402 pages subdivisées en quatre parties ayant chacune trois chapitres à travers lesquels vous avez abordé plusieurs thématiques dont principalement : la notion de poétique et de déchéance ; la déchéance morale et familiale de l’humain ; celle sociopolitique et religieuse et celle à travers le langage non verbal. Que retenir brièvement de ces concepts?

La déchéance vient du verbe déchoir qui signifie tomber dans un état inférieur à celui où on était. La déchéance c’est une chute, un affaiblissement, une décrépitude. La déchéance peut être psychique, physique, politique, morale, économique, sociale.

A titre illustratif, un chef d’Etat qui est chassé du pouvoir par le peuple subit de ce fait une déchéance politique,  quelqu’un qui perd ses facultés mentales connait une déchéance psychique. Un homme riche qui devient pauvre subit une déchéance économique. Ces préoccupations sont abordées dans les œuvres littéraires. La poétique étant l’étude du discours littéraire, le fonctionnement organique et formel des textes littéraires. En d’autres termes la poétique se fonde sur les procédés utilisés par les auteurs pour produire leurs œuvres.

Le temps reste indifférent à la beauté de notre causerie. Soyons précis et concis dans les interventions. Deux de vos livres nous intéressent d’abord, “L’autre visage de l’humain”. Un bref résumé?”

 A travers cet essai, j’ai juste donné mon point de vue par rapport à un phénomène que l’Occident tente d’imposer aux Africains avec la complicité de certains Africains à qui on promet quelques miettes. Ce qui me réjouit c’est que beaucoup d’écrivains africains ont utilisé leur plume pour tourner en dérision ce phénomène qui en réalité n’apporte rien au développement de l’Afrique.

Etes-vous pour ou contre l’homosexualité ? L’Afrique devrait-elle tolérer cette pratique ?

L’homosexualité est une pathologie. C’est une maladie. De ce point de vue nous devons respecter et prier pour ceux qui en souffrent. Mais ce n’est pas une raison pour qu’on fasse la promotion sous couvert des droits humains. L’Occident ne doit en aucun cas nous l’imposer et nous menacer de sanction si nous refusons de l’admettre. Le mal est que certains Africains ignorent les objectifs que poursuivent les promoteurs de ce phénomène sur le continent et précisément au Bénin.

Ne soyez pas surpris d’apprendre que ce mal sera enseigné  dans nos collèges et lycées.

Dr Armand Adjagbo

Quels seraient alors les objectifs cachés ?

Les objectifs sont d’abord mercantiles.  Ensuite, on peut y voir une volonté de contrôler la démographie africaine. C’est un coup de massue à la cellule familiale. C’est une volonté de destruction tout simplement. Bientôt  des laboratoires de vente des spermes et d’ovules dans les pays africains.

Parlons maintenant de  Délices d’épices, vous définissez-vous comme un poète du changement ou révolutionnaire ?

Il revient aux lecteurs de le dire. Je ne peux pas me qualifier moi-même

Partagez avec nous un extrait de ce recueil

Le Président et ses ministres

Magouillez occupez toutes les chaînes

C’est la ruse qui donne du foin

Un pauvre président sentant sa débâcle prochaine

Fit réunir ses ministres et leur confia une mission

Gardez-vous de perdre le pouvoir que nous a légué le peuple

Notre survie est cachée dedans

Ne me demandez pas l’endroit

Mais un peu de promenade vous le fera trouver

Vous en viendrez hiboux

Jacassez, massacrez quadrillez

Ne laissez nulle place où l’opposition passe et repasse

Allez dans le pays entier

De toutes les populations faites des abrutis

Il faut affamer le peuple pour le rendre plus docile

C’est la norme pour un pays émergent

Le chef dort

Les flics lui malmènent les couilles

La tête, le flanc, partout

Si bien qu’au bout du règne

Il en maigrit davantage

Victoire point de trouvée

Mais le chef fut drôle

De leur montrer avant son retrait

Que la politique est une ivraie.

Armand K. ADJAGBO, Délices d’épices, Cotonou, Plumes Soleil, 2011.

Intéressant. Vous vous battez  aussi pour la diffusion des anciens textes : (Sokamè ; Retour aux fétiches délaissés ; Le théâtre pontin volume II). Pourquoi ?

Il m’a été demandé d’enseigner à l’Université le théâtre en Afrique noire francophone pendant la période coloniale. J’avoue que le début a été très difficile parce les œuvres théâtrales de cette époque ne sont pas facilement accessibles. C’est cela qui m’a amené à des recherches dans ce sens aussi bien au Bénin qu’au Sénégal. Aujourd’hui  j’ai pu avoir une bonne moisson.

Quelles perspectives d’avenir pour les œuvres littéraires face à la désaffection de la jeunesse ? Que faites-vous pour mettre vos œuvres à la portée de tous ?

Nous n’allons pas désespérer. L’espoir est permis. Il y a  beaucoup d’initiatives salutaires comme cette émission. A l’Université, nous faisons ce que nous pouvons pour que la littérature ne perde pas ses lettres de noblesse.Quant à mes œuvres, elles sont vendues à des prix très bas.

Pour finir, quelles furent vos impressions à voir vos manuels Tests de lecture ; Lecture écriture inscrits au programme scolaire ?

Mes impressions sont naturellement bonnes. En 2007 quand on avait commencé cette aventure, on n’avait pas imaginé un seul instant que l’Etat béninois mettrait ces œuvres didactiques au programme de l’enseignement secondaire

Merci Docteur pour votre disponibilité. Vivement la prochaine

Par Richard ADODJEVO, ©BENINLIVRES, août 2020