Les Entretiens de Olympe Bhêly Quenum, voici la substance du deuxième numéro. Rubrique spéciale sur radio Beninlivres, elle est initiée dans le cadre des Noces de Diamant du roman Un piège sans fin du Patriarche des Lettres béninoises.
Entretien
Quelles sont les politiques des maisons d’édition en matière d’édition ? Quelles conditions faut- ils réunir pour se faire publier ?
Autant la vanité que l’outrecuidance permettraient, peut-être, à tout autre que moi de se hasarder sur ces terrains ; si en l’occurrence vous découvriez un écrivain africain, néophyte ou vieux routier, je serais heureux de le connaître aussi.
Comme cela semble être le cas en matière de fiction au cinéma et/ou à la télévision, y a-t-il à votre connaissance des thèmes ou genres littéraires dans lesquels sont cantonnés les écrivains d’origine étrangère ?
Je n’en sais rien ; ces problèmes ne relèvent pas de mon domaine de compétences ; certains écrivains africains pensent qu’avec des pelletées d’humour, un peu de porno, beaucoup de sexe-littérature, ou bien, en donnant dans l’événementiel, etc. ils parviendront à faire leur trou. Je leur souhaite bonne route.
Les écrivains de l’Outremer, selon vous, sont-ils logés à la même enseigne que les écrivains d’origine étrangère ?
Non ! non ! non ! Il y a des discriminations ; trop de discriminations ; en 1976, j’ai écrit un article intitulé Les apatrides de la Francophonie ; Le Monde l’a refusé, mais il a été publié au Sénégal par Le Soleil ; en 1996 ou 97, j’ai fait paraître dans la presse béninoise : Et si nous sortions de la Francophonie ?
En France, Le Courrier international en a repris un long extrait ; à Brighton, ma regrettée amie et traductrice Dorothy S. Blair m’a dit en avoir lu la version anglaise ! C’est dire que je n’avais ni déconné, ni dénigré ceux qui nuisaient et continuent de nuire à la création littéraire des écrivains africains francophones.
En 2003 (04/01/2003) RFI parlait d’or en consacrant six pages à ces problèmes ; mais quand c’est Olympe BHÊLY-QUENUM qui riposte, on bande les arcs en orientant les flèches vers lui. Bof ! je suis un pachyderme, et puis, les Vodú en soient loués, je suis vacciné contre tout.
Que pensez-vous du débat sur la discrimination positive ?
Il faudrait poser cette question à Monsieur Sarkozy qui avait dit, puis récidivé en déclarant : « il y a en France plus de médecins béninois qu’au Bénin… » J’ai écrit à la presse, qui, bien sûr, n’en a soufflé mot : « ces médecins ont la nationalité française ; leurs grands-pères, pères, oncles, etc. avaient fait au nom de la France des guerres qui n’étaient pas celles des nègres ; après les médecins, Monsieur Sarkoky, dont nous savons les origines familiales, dira peut-être qu’il y a en France plus de retraités béninois qu’au Bénin. En France, ces gens qu’on montre du doigt sont propriétaires de leur domicile, voire de leur résidence secondaire… »
En tant qu’ancien professeur de Lettres, praticien, amoureux de la langue et écrivain, le terme « discrimination positive » vous paraît-il heureux ?
J’ajouterais que ce n’est pas -après Pierre Mauroy, dans le gouvernement Mitterrand- parce qu’on aura promu un Maghrébin à une haute fonction que tous les Africains et Maghrébins hautement compétents iront valser sur la Place de la Concorde ou sur les Champs Elysée.
Source : Olympe Bhêly Quenum