Dans le cadre de la célébration de la Journée du livre du Bénin, Richard Adodjèvo, agent du ministère de la santé et auteur, délivré un message dans lequel il invite les écrivains et éditeurs à imprimer une identité à la littérature béninoise.
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Née dans la solitude de l’écriture de Félix Couchoro (L’Esclave publié en 1929), la littérature béninoise titube, tournoie sans choir dans le ciel béni et forge au rythme des inspirations ses vieux jeunes os. Si c’était un homme comme Olympe B. Quenum, on lui souhaiterait longévité afin qu’il reste encore un peu avec nous –la séparation étant toujours difficile et le patriarche ne saurait nous suffire- mais quand il s’agit des Belles Lettres, on y voit que des dents de lait d’une bambine. Plusieurs générations sont passées et la corde de la littérature béninoise d’expression française continue à être inlassablement et joyeusement tressée.
Les thématiques ont progressé du mimétisme, passant par la contestation à la désillusion pour s’intéresser aux questions démocratiques et socioéconomiques. Mais cela ne suffit plus en 2021. En 92 ans, le butin colonial et l’arme de la liberté et des indépendances politiques a fait sa mue tant bien que mal. Assurément, elle sera encore plus forte et fière si elle arbore son identité. Celle du peuple noir, celle du continent africain, celle du berceau du vodoun.
Au-delà d’une négritude politique, je veux lire des œuvres engagées dans la promotion culturelle et cultuelle, des invites au voyage. L’écrivain qu’il soit romancier, nouvelliste, conteur, poète, dramaturge voire essayiste se doit d’être mieux qu’avant l’ambassadeur de son peuple pour valoriser nos nombreuses richesses longtemps ignorées.
Au-delà de la question de la visibilité qui reste d’actualité, le thème de la Journée du Livre du Bénin de ce 20 septembre qui porte sur « La littérature béninoise, d’hier à aujourd’hui », impose une remise en cause de notre ligne éditoriale qui semble aller dans tous les sens, noyée dans la diversité et absorbée par une pseudo universalisation de l’écriture. Tout en professionnalisant la chaine du livre, tout en saluant les reformes en cours à la Direction des Arts et du Livre via le GPLB, il faut permettre au lecteur de lire des œuvres authentiquement béninoises qui nous parlent, chantent et crient nos valeurs, nos belles traditions traditions, célèbrent nos héros pour en faire des références dont profiterait une jeunesse perdue et dépravée faute de bons guides.
Richard ADODJEVO © BENINLIVRES, septembre 2021