Dans la personne aimée, l’amoureux vit aussi longtemps qu’il continue d’exister. Et d’ailleurs, même après la mort il poursuit son séjour dans l’être aimé. Judicaël CAKPO expose à merveille dans Cahier d’amour, son premier recueil de poèmes cette philosophie. A travers trois inconnus bien connus de ce monde : Naître – Aimer – Mourir.
Les poèmes de cet ouvrage émeuvent. Ils aident le lecteur à saisir l’amour pour gagner l’immortalité. Ils répondent à l’entendement de Pierre Siméon qui dit : « réduire la poésie à un « «c’est beau », « ça rime », c’est passer à côté de ses enjeux. Confronter un enfant à la poésie, c’est l’exercer à l’étonnement, à la lucidité, libérer son regard, l’amener à se reconnaître tributaire d’un destin commun, c’est l’aider à croitre dans son humanité » (La Vitamine, p. 9). Le jeune Poète béninois, en sculptant les mots de son livre a travaillé un ensemble qui s’inscrit efficacement dans la fonction de la poésie : celle de sentir et de faire sentir la vie dans toutes ses formes.
Dans Cahier d’amour, il n’y a pas que de mots, il n’y a pas que de « Beau », il n’y a pas que de rimes. Vous y rencontrerez aussi de la mélodie, de l’harmonie, de la danse, de la sensibilité et même de la sensiblerie. Mais vous y verrez aussi du style. Qu’est – ce que l’art sans le style. Qu’est – ce qu’un artiste sans son style ?
En réalité, le style est la vitrine de l’art. A l’œuvre d’art, c’est le style qui confère une identité unique. Cependant, certains artistes, je dirai, certains auteurs le laissent tomber, ils le méprisent et le jettent à la poubelle. La conséquence de leur mépris est immédiate et incontestable : écriture vide et sans identité.
A l’aube de sa carrière de Poète, Judicaël CAKPO sait qu’il faut donner à son art une belle image lexicale et stylistique. C’est ce qui nous a impressionné dans son écriture, au-delà, du champ thématique qui nous offre une autre manière de comprendre l’amour et de le vivre. Même après la fin des temps.
Parlant de l‘amour, ce livre, pour paraphraser la Belge Lucie Spède, peut donner à voir à ceux qui voient moins bien seul. Il parle pour ceux qui trouvent difficilement leurs mots. Je vous le conseille.
Esckil AGBO, © BENINLIVRES, avril 2021