
L’homme dans la vie voit assez de choses qui retiennent son attention. Qu’il soit enfant , adolescent ou adulte, il a envie de les partager avec ses pairs tout en y apportant sa touche. C’est ce beau désir de se sentir doublement vivant qui a donné naissance au recueil de nouvelles *Le bateau de l’enfer*, paru aux Editions Plurielles – 2018, et issu du concours Plumes des collines initié par Paterne Tchaou lors de la deuxième édition du Festival des Arts Mahi et d’île Ifè (FAMI). Allons à sa découverte.
Panorama
C’est un recueil de six nouvelles sérieuses et neuves, capables d’accroître la vision de la jeunesse sur son rôle dans le bien-être de la société qu’elle gouvernera demain. *Le bateau de l’enfer* est la première histoire. Écrite par Raoul Thibaut Minavoa, elle expose la marchandise des remords de quatre jeunes (Sankho, Samy, Sylvain et Fawaz) fatigués des mensonges politicaux qui font qu’ils n’aiment plus du tout sentir le parfum de leur pays. Décidés à aller refaire leur vie de l’autre côté, ils se sont installés dans ce bateau au coeur de la mer. Ce bateau dans lequel ils ont côtoyé le désespoir, la nausea, bref la mort. Plusieurs de leur sang ont été engloutis devant eux par le froid, les vagues de mer, la faim des requins. C’était tellement mélancolique que leur cœur en a gardé un souvenir poétique. Le jour s’est alors levé sur *Une nuit sans étoile*
Deuxième nouvelle écrite par Annick Afora, elle relate l’amour à distance entre Steff et Anita. Ce sont deux jeunes qui s’aiment en chœur. Après tant de péripéties bravées sur le sentier de leur amour, la tempête s’apaisa pour enfin les laisser vivre leur feu. Anita attendait impatiemment la descente du père de son fils. Mais malheureusement il y a eu tremblement d’air. De quoi va-t-elle hériter? Passons! *Héritiers de rien*
Troisième nouvelle. Là c’est la plume de Espérent Djogbede qui s’exprime. La polygamie et ses ramifications. Gbénonkpo est un garçon né de la dernière femme de son père. Celle-ci ayant détourné l’attention de son mari des autres épouses fut découverte un beau jour avec une calebasse mystique. Elle fut alors chassée avec son seul fils. Quelques années plus tard la nouvelle de la mort du père de Gbenonkpo leur parvint. Après la mort, c’est le partage des biens. Entre les frères de Gbénonkpo c’était la mésentente, la tension, la guerre. Il fallait trouver une solution pour préserver l’unité familiale. L’oracle a révélé que seul le retour de l’enfant chassé pourra les faire revivre. Ce qui réussit. Gbenonkpo a pu arracher à ses oncles les biens de son père confisqués illégalement. Mais le bonheur ne dura pas. Une voix perçante a secoué tout le village un soir pour annoncer que Gbénonkpo n’est pas le fils de son père. C’était la voix de sa mère. Bon, tirons * Une croix dessus*
Expédit Sadock Dagbelou nous montre tout ce que peut engendrer à l’avenir l’union de deux enfants dès leur naissance. Soki et Baké sont nés dans la même période. Le roi, père de Socki les a liés dès le bas âge. Des jours passèrent et le roi tomba amoureux de la mère de sa belle fille. Latifa après avoir rejeté les avances de celui- ci, fuit le village avec ses enfants. Elle mourut quelques jours après. Soki ayant eu le baccalauréat se rendit à Porto pour continuer ses études. Là, il revit sa promise et voulut enclencher le processus du mariage. Mais Baké semble avoir découvert quelques secrets. Va-t-elle accepté de se marier à Socki? . *C’est Le rêve brisé*
Mauricette Ursule Makin nous étale l’océan issu de l’amertume d’une petite adolescente nommée Iyabo. Âgée de 14 ans, elle fait le CM2. Son intelligence fait que son maitre la Félicite tout le temps . Mais cette admiration prit une autre tournue . L’instituteur abusa d’Iyabo qui tomba grosse. Amenée à l’hôpital par ses parents, le médecin révéla que dans tous les cas, la petite s’en sortira le coeur meurtri. Son rêve renversé dans le sable son avenir . *La pierre rejetée*.
C’est Steven Accrombessi qui nous montre combien de fois l’homme doit faire attention dans ses actes. Dagbémanbou fait tellement du bien au point de s’oublier lui-même. Secoué, par une grave maladie, le cancer, il agonise sur le lit de l’hôpital. Le chef du village ayant appris cela soutira quelques sous à chaque villageois. Mais cela n’atteignait encore le niveau qu’il faut pour demarrer l’opération. Le docteur est enfin là. Ayant entendu le nom du patient, il s’empressa pour lui sauver la vie. Les deux enfants de Dagbemabou ne comprenant rien lui demandèrent pourquoi, il était si génereux envers eux. Le médecin leur expliqua qu’il est le fils aîné de leur père, l’enfant qu’il a refusé de reconnaître.
Impressions
Tout comme l’amour, l’écriture n’a pas d’âge. L’amour, la polygamie, l’immigration, la trahison, le viol sont autant de pierres que ces jeunes – encore au college- ont essayé de casser de leur manière avec leurs plumes pour permettre aux hommes de passer leur chemin sans trop de difficultés.
Comme vous l’auriez constaté, ces six nouvelles ressemblent à des soeurs unies par le lien de l’amour qui cherche à éteindre les maux de la société. Ainsi, ces plumes de jeunes forment une seule arme luttant contre l’ignorance. Ces nouvelles plantes de la littérature béninoise, contrairement à bon nombre de leurs aînés, se foutent de l’humour. Elles veulent s’alimenter de larmes pour porter des fruits doux, tout comme la vérité est amère mais finit par rendre libre. Le Bénin peut se réjouir de ces plumes aux encres unies.
Belkis Espoir HOUNKANRIN