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L’ENTRETIEN. Le Nouvelliste Rodrigue Gounda, auteur Les rêves d’un lit malpropre (Editions Beninlivres, 2020), dans ce court entretien qu’il a accordé à radio Beninlivres revient sur la nouvelle éponyme de son recueil. Pourquoi le titre Les rêves d’un lit malpropre ? A quoi renvoie le lit malpropre dans le récit  et quel est son lien avec le rêve ? A ces préoccupations, voici ce que répond Rodrigue Gounda.

Propos

 « Dans Les Rêves d’un lit malpropre, la nouvelle éponyme de mon recueil, il est raconté les rêves d’un personnage qui, l’espace d’une nuit, a vécu dans la peau d’un instituteur, la désillusion fâcheuse d’un placement d’argent. Dans l’espoir d’un bénéfice à hauteur de deux cent pour cent, ce placement va plutôt ruiner sa vie et faire passer sa femme de vie à trépas.
Le lien entre le récit et le lit malpropre peut paraître superflu pour le lecteur lambda. Mais à dire vrai, le rêve a servi de prétexte pour la satyre socio – politique dont l’implication par l’auteur pourrait lui être préjudiciable. A l’époque où je rédigeais cette nouvelle qui porte sur l’affaire ICC-Service, certaines personnalités impliquées dans cette affaire étaient toujours revêtues de la force de l’autorité publique. Aborder un tel sujet tout cru pourrait effleurer les sensibilités. Alors, j’ai opté pour le prétexte du rêve par le personnage pour montrer comment les déposants à ICC services sont embarqués dans ce marché de dupe et pour montrer par ce même prétexte de rêve les conséquences que cette affaire a provoquées dans la société.
Dans une interprétation socio – sémiologique, par ailleurs, il y aurait une relation entre la nature de nos rêves (cauchemars) et l’hygiène de nos lits selon certaines mentalités reçues. Le lit abrite l’individu comme la société. Par cette analogie, le lit est le symbolisme de la société. Tout comme le lit malpropre facteur de mauvais rêve, une société malpropre c’est-à-dire mal policée et mal gouvernée, peut entraîner des événements dangereux. S’il est admis que dormir dans un lit malpropre cause des mauvais rêves appelés cauchemars, n’est-ce pas tout aussi logique que vivre dans une société malpropre, je veux dire peu soucieuse de ses principes pourrait tout autant faire voir le pire à l’individu ? Le lit malpropre plus qu’un prétexte de narration, peut donc être perçu comme le symbolisme de la société et son épithète malpropre, comme la métaphore de la mauvaise gouvernance ».

Propos recueillis par Esckil AGBO, © BENINLIVRES, mars 2021