Littérature, l’enfant dont on ne veut pas dans le secteur culturel au Bénin

J’ai lu l’entretien que mon confrère Éric Azanney a accordé au web journal, Dekartcom.net pour parler de son nouveau livre, Engagement artistique et identité.

L’intervention de l’interviewé au sujet du financement du livre a réveillé une ire qui sommeillait en moi depuis des années. Comment le secteur de la littérature est financé au Bénin ? L’institution qui a reçu l’onction et le pouvoir numéraire de financer tout le secteur culturel, je veux parler du FAC, comment appuie – t – elle le livre ? Comment soutient – elle les événements littéraires ?

Depuis quelques années, il est constaté une floraison d’initiatives littéraires dans le pays. La fête du livre de Porto-Novo, Concours Miss littérature, les 72 heures du livre de Natitingou, les Journées poétiques de Parakou, le festival Zou livre, le Cabaret du livre, etc. Avec mon statut d’observateur et d’acteur actif de la famille littéraire du Bénin, je peux la main sur le cœur jurer et témoigner de la qualité de ces divers événements et de leur impact sur l’économie du pays. Je réitère mes mots : leur impact sur la vie économique du pays. La littérature n’est pas du bavardage comme des profanes du secteur se plaisent à dire. Au delà de ses nombreux avantages sur l’individu, son équilibre mental et autre, la littérature est un secteur pourvoyeur d’emplois. Avant qu’un livre n’aille dans la main du consommateur, c’est au moins douze corps de métiers qui s’activent.

Mais comment est – elle financée ici? Quel est le regard du FAC sur la littérature ? Pratiquement aucun.

Quelques jours après l’édition 2021 de Miss littérature, j’ai envoyé un message à Carmen Toudonou, la Promotrice, en ces termes :

Dada, et l’après Miss littérature de cette année ?

En réponse, voici ce qu’elle m’a écrit :

Je gère les dettes.

Sa réponse ne m’a pas étonné. Organisateur d’événements littéraires au Bénin, je comprends et saisis le sens de sa phrase. Ici, la littérature demeure l’enfant oublié, abandonné du circuit de financement du secteur culturel. Ici, la littérature est l’enfant dont on ne veut pas dans le secteur culturel.

Et les éditeurs ? Beaucoup se révoltent du fait de constater que la plupart des ouvrages publiés au Bénin sont faits à compte d’auteur. Ceux – ci vont parfois jusqu’à humilier les maisons d’édition béninoises. Ceci, parce qu’elles ne publient qu’à compte d’auteur. Publier un livre à compte d’auteur est une perte pour l’éditeur. Pour qui connait bien l’industrie du livre sait qu’aucun éditeur ne veut faire à compte d’auteur. Ailleurs, elles reçoivent régulièrement de financement. Ici, ce n’est pas le cas. Et pourtant,l’Etat a mis en place une machine de financement du secteur culturel. Ou bien, au Bénin, la littérature n’est pas dans la culture !
A chacun et à tous de répondre à cette question.

Par Esckil AGBO, le Vendeur national de la littérature