L’ACTUALITE. Bonjour ou bonsoir très chers ! Cette salutation n’est pas de moi, elle vous vient de la littérature béninoise qui se réjouit d’accueillir deux nouveaux bijoux : Colorant Félix (roman) et À toi qui t’en vas (nouvelles) du Père Destin Akpo, le promoteur du blog Biscottes littéraires. J’ai eu la chance de lire le recueil de nouvelles et je voudrais partager avec vous le bonheur que cela m’a procuré.
A toi qui t’en vas est un recueil de sept nouvelles, paru chez Savanes du continent à Cotonou. Sept récits qui émerveillent, qui provoquent chez le lecteur de vives admirations.
La première est intitulée « Faut pas que ça va dormir dans tes oreilles ». On y découvre Adama, un Ivoirien qui dessine à coup de mots l’enfer que renferme l’immigration clandestine. A bord d’un avion, celui-ci raconte son histoire pétrie de vives émotions. Mais où allait-il ?
La deuxième nouvelle nous expose la vie de Mionkan, un « Polygame impuissant ». Sa première épouse, Takanon ne lui a fait que de filles. Il lui faut donc un coq dans la basse – cour pour éviter les sévices de la société. Mionkan se lança dans la recherche d’une faiseuse d’enfant garçon. Il finira par rencontrer Kraka qui lui fit, comme souhaité, des garçons. Un polygame heureux, sans doute ! D’où vient alors son impuissance?
« La blague qui ne fait pas rire! ». Ouistiti, instituteur, comme tout enseignant expose ses principes à ses écoliers du Cours dInitiation (CI) le premier jour des classes. Mais c’était comme de l’eau versée au dos du canard. Il devra faire face aux caprices de Awadjidjè, une fillette très turbulente. Et comment ?
« Elle s’appelait Isabelle! ». C’est le titre de la quatrième nouvelle. Cette fille était une surdouée aux yeux de ses camarades. Houélété qui n’aimait laisser la première place à personne s’était retrouvé impuissant face à l’incroyable intelligence d’Isabelle. Il se demandait sans répit comment une fille pourrait être plus brillante que lui au point de lui arracher la première place en classe. Comme un Inspecteur de police, Houélété se lança dans une enquête pour découvrir l’origine, sinon le secret de l’intelligence de sa camarade Isabelle.
« Peter Shi ». L’amour entre Peter Shi et Konnar, bien qu’il soit interdit, était si dense jusqu’au jour où plusieurs forces extérieures avaient commencé à s’immiscer dans leur relation. Une histoire d’amour proscrit qui fait trembler d’émotions. Allez – y découvrir.
Dans « Gakpogblégblé », vous verrez la diva Alougba Awhayoo qui se croyait au dessus de toutes les beautés puisque convoitée de tous. Elle a enterré vivant les grands hommes de son village par son refus de les prendre pour époux. C’était une fille légère dans la hanche. Elle avait l’art de la danse, ce qui fit d’elle une grande artiste de sa région. Mais au fur et à mesure que le temps passait, il lui manquait quelque chose que son argent ne parvenait à lui donner. Quoi?
Enfin, une lettre « À toi qui t’en vas ». Christian est un jeune très brillant parti trop tôt. Son départ a laissé tous ses proches dans une amertume extrême qu’ils ne peuvent garder dans le coeur. Ils ont donc libéré cela à travers une lettre envoyée à l’illustre disparu. Une épitre à un mort. Comment la lira t- il ?
Notre commentaire
Des nouvelles exquises, originales et captivantes. L’enfance, la jeunesse et la vieillesse s’expriment dans ce bouqin. Ce qui retient le plus l’attention au niveau de cette plume est sa cuisine de l’humour basé sur les noms des personnages qui donnent eux-mêmes leur nationalité. Le Père Destin Akpo a le mérite de savoir changer de casquette à chaque fois. Il sait être homme, il sait être femme, il sait être enfant, il sait être humain. C’est un ouvrage pour déconstiper les mentalités.
Alors, qu’attendez-vous? Lisez ce livre pour comprendre que la femme qui ne permet pas au temps de la tutoyer ne vieillit pas, elle rouille comme gankpogblégblé (du fer rouillé). Lisez-le encore pour voir combien de fois la genèse d’un enfant peut avoir d’influence sur sa conduite dans la société. Lisez ces belles histoires pour savoir de quelle folie la voix de l’alcool luit. Lisez toujours A toi qui t’en vas pour apprendre à gérer la douleur de la perte d’un être cher. Buvez ces sept antibiotiques littéraires pour déconstiper vos mentalités et avoir un repos sûr. Lisez car lire nuit gravement à l’ignorance.
Par Belkis Espoir HOUNKANRIN© BENINLIVRES, août 2021