Nouvelle / Amours collégiennes : Quand Albéric Montcho interroge les avatars de l’école

Nouvelle / Amours collégiennes : Quand Albéric Montcho   interroge  les avatars de l’école

LA CHRONIQUE. Quand Léon Deries écrivait, en 1906 : « A l’école, que vastu faire, petit enfant ? », c’était pour nous faire part des nobles attentes des enfants à l’égard de l’école : « apprendre à lire pour savoir ce qu’il y a dans les livres » ; « savoir comment, au travers des cieux, se propage d’un monde à l’autre la lumière ; comment au choc des nuages s’allume la flamme rapide de l’éclair » ; « apprendre l’histoire », « être utile, être juste, être bon », etc.

Mais de l’école primaire au collège ou au lycée, l’enfant ayant grandi, l’enthousiasme qui caractérisait ses premiers pas à l’école est-il demeuré intact ? Au/A la jeune garçon/fille qu’il est devenu, demandons : « Au collège, que vas-tu faire ? » Mais qui mieux qu’un enseignant-écrivain pour nous servir d’interlocuteur auprès de ces apprenants ? C’est le rôle que décide de jouer volontiers Albéric MONTCHO à travers son Amours collégiennes qui apparaît comme un recueil des diverses réponses qu’il a obtenues des apprenants constitués essentiellement de filles. Pourquoi privilégie-t-il la cible féminine ? Je ne saurais le dire. Pour le moment, intéressons-nous à la moisson. 

Alors, cher Albéric, quelle est la moisson ? Qu’ont-elles répondu, les jeunes filles en kaki que tu as croisées ? Que vont- elles faire au collège ? Sont-elles toujours curieuses de découvrir ce qu’il y a dans les livres ?

Quelle place occupent l’histoire, la géographie, la biologie, la physique et autres dans leur vie ? L’école a-t-elle réussi à les rendre « utiles, justes et bons » ? 

Si ce que recèle le kaki des élèves émerge le jour, c’est la nuit qu’il fera descendre daredare sur l’école.

Colbert Tatchégnon DOSSA

Que nous dis-tu, Albéric ? Que ces filles sont prêtes à réussir par tous les moyens, même les plus déloyaux ? Qu’elles sont prêtes à user même des sortilèges pour obtenir un bac qui ne leur servira pas outre mesure ? C’est l’option choisie par Kikè, n’est-ce pas ?  Et celles qui ne sollicitent pas les services obscurs des charlatans et autres vendeurs d’illusions ? Sur quoi misent-elles pour réussir ? Tu préfères nous envoyer sur les traces de la ravissante Raziath dans « l’antre de Cupidon », n’est-ce pas ? Mais à ce niveau, Albéric, dis-moi : de quelle moule tires-tu ce personnage aussi futé mais aux allures d’ange ? Que dis-tu de la jeune Séra, obligée de jouer sur deux tableaux : porter le kaki et mener une activité de survie peu enviable, surtout de la naïveté légendaire de son enseignant ? Et que dire de l’humiliation publique que tu infliges au directeur d’établissement qui n’a pas pu échapper à « l’embuscade» que lui a tendue la futée Cynda qui n’était qu’en classe de 4e mais dotée d’un incroyable don de séduction ? Que dire d’Ifè, qui aux normes familiales et au Bac, préféra des illusions mâles ? Ainsi voyons-nous, Albéric, que tu ne remarques, chez les apprenantes que tu as suivies, que des talents extrascolaires, tu ne vois en elles que des filles lubriques obsédées par le lucre. 

Il va sans dire que ce que vont chercher aujourd’hui les jeunes (filles) au collège, c’est tout sauf des connaissances ou de la science. Ce qui porte à croire, Albéric, que tu nous invites à écouter sonner le glas de l’école. Sinon, même l’amour candide de deux jeunes studieux…

C’est dire que Amours collégiennes nous invite à de profondes réflexions sur les avatars de l’école. Enseignants, parents et autorités du secteur éducatif doivent donc repenser l’école pour l’amener à assumer sa noble mission de la transformation de l’homme pour le rendre bon, juste et utile pour sa communauté, pour l’humanité.

Par Colbert Tatchégnon DOSSA