Poésie / Ailleurs presque nulle part d’Eric Azanney : L’hymne du vide

Poésie / Ailleurs presque nulle part d’Eric Azanney : L’hymne du vide
La 1re de couverture du livre

L’un des grands loisirs que s’offre l’homme pour quitter un temps soit peu les problèmes qui l’assaillent dans son milieu de vie est le voyage. Voyager devient un moyen de sauvetage, un secours qui tôt ou tard nous ramène aux mêmes réalités. Même s’il permet de découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles langues, de nouveaux mets, il nous ramène toujours au point de départ à travers les souvenirs. Car ici, comme ailleurs, il y a la condition humaine. Voici un poète qui, fatigué des cours que lui dicte son être, décide de s’envoler à travers la pensée pour respirer de nouveaux airs. Mais dans sa course folle, il se retrouve dans un vide extrêmement coloré qui l’a fait remplir les pages du recueil dont vous humerez la saveur entre ces lignes: Ailleurs presque nulle part de Eric Azanney. A quoi faut-il s’attendre ?

Un moi qui s’évapore, s’enrage puis s’orage dans des nuages poétiques. Une vie qui s’ouvre, se renverse puis se solidifie dans des vers sévères. C’est cela le compendium de ce poème qui telle une prise, électrocute le lecteur qui se branche à lui.

Cet ouvrage publié aux Editions le Lys Bleu en France, s’étend sur 115 pages et est illustré par trois artistes plasticiennes  à savoir : Daphné Bitchach, Justine Gaga et Yasmine Fidimalala.

C’est un poème miroir qui nous dévoile les profondes relations qui existent entre la vie et la mort. C’est est une ode à l’épanouissement humain dans l’espace, dans son propre être, dans son corps et dans la vie. L’amour et le sexe en font partie. À chaque fois que le lecteur ouvre une autre page,il ne tombe pas sur un autre texte; c’est la même mélodie de la vie qui coule. Le poète avec un langage franc et approprié dénude son cœur universel.

Il a su nous emporter à travers des théories naturellement justes et vraies: «même sur le chemin qui mène à soi, on a besoin de boussole.» Ce qui traduit l’incapacité de l’homme à se connaître lui-même. Des expressions qui heurtent l’admiration y sont présentes: «Business des gamètes; s’adosser au temps; il n’est pas d’équerre pour repérer le degré de nos orgasmes isogones…» etc. De surcroît, il y a cette folie verbale que la complexité de la FEMME jette au poète tel un sort. Ce qui donne une parfaite esthétique aux vers comme vous pouvez le remarquer dans ceux ci dessous:

«Le temps manque parfois de loyauté

le temps urine plus vite

d’un côté que de l’autre

et moi je discipline le temps

quand je glisse de mon désir

pour nager dans ta disponibilité séminale»

Des strophes séparées de vide qui traduisent des soupirs. La déception, l’espoir, le courage, la femme et l’amour sont tous au coeur dans ce cocktail de mots tout particulier.

Vous y découvrirez un langage unique, surprenant et captivant. Vous vous attendiez à voir le soleil luire, la pluie tomber, la lune briller, le vent souffler, la mer déborder entre ces lignes? Oh non! C’est bien plus que cela. L’hymne du vide vous est offert, l’hymne de la vie qui se perd, qui ne veut trébucher, là où plus rien ne respire mais le cœur continue de battre. Ailleurs presque nulle part de Eric Azanney offre des ailes aux rêves qui vont au delà du réel.

Belkis HOUNKANRIN