Dans l’espace Fair Langue de la médiathèque de l’Institut Français de Cotonou, le samedi 22 février 2020, Esther Doko a présenté à un public de jeunes lecteurs, d’enseignants et de professionnels de l’édition, son nouvel ouvrage titré Mémoires d’horizons, un recueil de poèmes, paru en novembre 2019 aux éditions Savanes du Continent.
Au début de la rencontre, l’auteure de Mémoires d’horizons a indiqué à l’assistance sa conception de la poésie. Elle présente ce genre littéraire comme une entité irrationnelle à laquelle il revient à chaque lecteur de donner un sens, voire une raison.
Esther Doko s’est montrée assez modeste, comme à son habitude. Elle a, en effet, affirmé être une personne qui ne sait pas exprimer ses sentiments à mots ouverts. Pourtant, déjà dans son premier recueil de poèmes Par la sueur de mon suaire, publié en 2016, on avait déjà ressenti dans son encre un besoin d’expression à peine voilé.
Dans Mémoires d’horizons la poétesse n’a pas changé de style. Elle est restée libre dans ses pensées, dans ses vers. On ne peut rester indifférent à cette liberté de ton et de forme dont elle seule a le secret, tant sa plume trahit son être et son antre. Esther Doko a une manière bien à elle de jouer avec les mots et quand les mots du dictionnaire ne lui suffisent pas, elle en crée de nouveaux. Vous allez ainsi retrouver dans le livre un mot comme « insoleillement », un néologisme qui apparaît tel un pied de nez fait à « insolemment ».
Elle a même pris la liberté d’utiliser à sa guise les espaces des pages de son ouvrage. On constate par exemple à la page 71, qu’elle a exploité moins d’une dizaine de mots, laissant beaucoup de vide pour notifier les émotions qu’elle ressentait en ce moment.
Mais est-ce un vide véritable ? Ou plutôt un abysse sur lequel il lui est encore difficile de poser des mots… trop bruyants ?
On constate par ailleurs un usage très prononcé du « je » poétique. L’auteure explique, d’ailleurs, cela par le fait de rendre le narrateur complètement impersonnel de manière à ce que n’importe quel lecteur puisse s’identifier à celui-ci. Tout porte donc à croire que malgré l’irrationalité de la poésie défendue par la poétesse au début de son intervention, chaque lecteur pourra se retrouver facilement à travers les vers de Mémoires d’horizons.
Et quand on lui demande des conseils sur comment s’y prendre pour écrire une poésie, elle donne deux conditions à savoir : avoir des choses à dire et laisser les mots sortir sans filtre.
Par Bonheur KOYIDE