Roman /Le salut tumulaire : Quand Sophie Adonon interroge l’humanité

Roman /Le salut tumulaire : Quand Sophie Adonon interroge l’humanité


LA CHRONIQUE. Bonjour / bonsoir chers survivants. Vous allez bien? Pour ces vacances, j’ai décidé de changer d’air pour rééquiper ma conscience et ma connaissance des choses. J’ai établi une liste d’ouvrages nouvellement sortis qui me permettront de bien effectuer ce voyage. J’ai ouvert celui dont la couverture interpelle le plus: Le salut tumulaire de Sophie Adonon, publié aux éditions Béninlivres, en juin 2021.

Sur la couverture de ce roman, les couleurs crient MALAISE, PROBLEME, TRAHISON,MORT. Et ça me rappelle la deuxième période de la littérature négro-africaine. Cette période marquée par la rage des élites africaines à dénoncer les tares de la colonisation. Tout s’était mélangé sous nos cieux: le respect avait disparu pour laisser place à l’arrrogance; l’habillement avait pris un coup de démance, nos langues étaient égorgées…Tout de nous avait disparu pour laisser place à la marque européenne. Il y avait malaise dans toutes les démarches. Et aujourd’hui encore, notre vie en famille en paie les frais.


L’histoire que vous allez lire dans le nouveau roman de Sophie Adonon vous montrera une image quasi triste d’un père de famille non accepté, cocufié par ses deux femmes, injuriés par ses enfants, renié et chassé par l’ensemble. Oui, Norbert Lanmè devait être le héros de cette histoire…mais malheureusement, l’argent lui a volé cette place. Comment?


C’est un vieux qui aime les jeux du hasard. Il adore joué à la loterie nationale chaque semaine en achetant des cartes au nom de tous ses 10 enfants. A cause de son attachement, presque aveugle pour la loterie, il perdit son autorité de chef de famille. Ses femmes avaient formé un autre foyer dans le sien et ne supportait plus sa présence. Il fut donc radié de sa propre demeure comme un mouton qui se pavane dans le chant d’autrui.

Norbert Lanmè est venu au village. Il s’est reconstruit avec Benoîte tout en continant à entretenir son amour pour la loterie nationale. La chance lui s’ouvrit et enfin il empoche le gros lot. Ceci, grâce au ticke de Bonus, l’enfant que lui a fait Benoîte.

Quelle réaction cela a-t-il suscité chez les villageois et son ancienne petite famille? Qu’a t-il fait avec l’argent?

Le salut tumulaire est une histoire bien élaborée, bien assaisonnée par les interdits de la vie. Chaque parole est le germe d’une mort lente. Le personnage Bonus est l’image parfaite de comment nous devons nous comporter dans les moments de colère: se taire et colorier la vie.


Alors je me questionne sur tout ce qui se répète à travers les générations. Pourquoi courrons-nous jour et nuit? Les hommes polygames ne doivent-ils plus prendre le risque de permettre à leurs femmes de se connaître? Pourquoi l’argent nous aveugle le cœur? Comment peut-on penser à quelqu’un seulement lorsque sa poche est remplie? Sommes-nous toutes sous des malédictions? Le bonheur est-il avare au point de ne s’ouvrir qu’à celui qui l’a longtemps cherché ? La vie serait-elle un jeu de hasard que seul le persévérant gagne? À quoi ça sert de jouer à ce jeu si gagner nous ôte la vie?
À chacun de trouver ses réponses. Mais ne restez pas trop loin des livres car Lire nuit gravement à l’ignorance.

Par Belkis Espoir HOUNKANRIN © BENINLIVRES, juillet 2021