LA CHRONIQUE. Je l’ai lu et je l’ai compris dans un autre sens. J’ai compris que Nicolas Machiavel n’est pas mort. Il vit et respire encore. En tout cas, il est toujours vivant dans le roman Le salut tumulaire de Sophie Adonon. Sa mémoire a été vénérée. Et comment ? En s’inscrivant, pensons – nous dans cette citation de l’auteur italien qui dit dans son livre Le Prince, : « les hommes oublient vite la mort de leur père que la perte de leur patrimoine ».
Norbert Lanmè, originaire de Sinhoué à Abomey, est marié à deux femmes : Dorothée et Josiane. Avec elles, il a eu des enfants qui n’ont pas hésité à couper le cordon ombilical avec leur géniteur. Ceci, de connivence avec leurs différentes mères. « Tu sais, au Bénin, il est dit qu’un père et une mère représentent, sur terre, Dieu pour leur progéniture. Si l’un d’eux maudit son enfant, il ruine sa vie », peut-on lire à la 152 en guise d’inconvénient dès lors qu’on commet un tel acte abominable.
Humiliant donc leur père en le chassant tel un vulgaire voleur pris la main dans le sac, les enfants ont suivi bêtement leurs mères. Morceau choisi : Norbert Lanmè est esclave de la Loterie Nationale du Bénin (LNB). Il passe son temps à jouer à la LNB dans l’espoir de tutoyer le Jackpot. Son loisir est la LNB. Un argument que ses femmes ont brandi pour l’expulser de sa propre maison. Mais ce n’était qu’un prétexte. Puisque la vraie raison de leur acte ignoble n’était point l’addiction de Norbert Lanmè pour les jeux de hasard. Et quoi alors ? La réponse est dans le livre.
Respirant le vent de l’espoir et de la confiance en lui-même, Norbert, chassé de Cotonou va s’installer dans son village natal, toujours avec son grand amour pour les jeux de la LNB. Quelle serait sa nouvelle vie à Sinhoué ? A –t – il réussi à se reconstruire, à son donner un nouveau sens à son existence ?
Pour ce qui est de la loterie, il a eu enfin la chance de gagner, d’empocher le jackpot. La bagatelle de cinq cent millions de Francs CFA. Mais la suite après le gain, c’est d’ailleurs que débuta vraiment l’histoire de Norbert Lanmè que je vous invite à découvrir en achetant et en lisant Le Salut tumulaire, vingt – cinquième livre de Sophie Adonon, paru aux éditions Beninlivres à Porto – Novo, en juin 2021.
Il faut souligner que l’ouvrage est écrit dans un style cousu en français accessible. L’Ecrivaine y a évoqué l’histoire de plusieurs rois de Danxomè, avec en toile de fond, l’initiation en filigrane du lecteur aux rites traditionnelles et aux cultures d’Abomey. Le culte des égouns égouns, les chants et les danses exposés lors des funérailles ont occupé une place de choix dans ce roman de 243 pages. Le lecteur, qu’il soit élève, étudiant ou hommes d’affaires pour ne citer que ceux-là, a droit, à un bain touristique teinté de franchise intellectuelle.
« La récompense des livres, c’est d’être lus », disait julien Green. Je l’ai lu (rire). Ab imopectore !
Par Enock GUIDJIME