Tunis / Lassaad Ben Hassine : « Le cinéma peut être un nouveau support de promotion de la littérature »

Tunis / Lassaad Ben Hassine : « Le cinéma peut être un nouveau support de promotion de la littérature »
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L’ENTRETIEN – Depuis sa création en 2018, la Maison du Roman œuvre en permanence pour la promotion des auteurs et du roman tunisien en particulier et celui de toutes les littératures en général. Rencontré à l’occasion de la 32è session des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), son Directeur, Lassaad Ben Hassine, écrivain et scénariste, dans cette interview accordée à www.beninlivres.org, revient sur les missions de cette Maison. Il se prononce également sur la problématique de l’adaptation des œuvres littéraires au cinéma.

INTERVIEW

Radio Beninlivres : La Maison du Roman promeut les auteurs tunisiens. Quels mécanismes vous permettent d’accomplir cette mission ?
Lassaad Ben Hassine : Accomplir cette mission, pour nous, passe par la mise en place d’activités. Et c’est ce que nous faisons toute l’année. Nous présentons, en premier lieu, à travers des cafés littéraires et autres rencontres des romans (les nouvelles publications notamment), des études critiques de nouvelles. En second lieu, nous organisons des festivités littéraires qui se rapportent au roman – des festivités aussi bien à l’échelle locale qu’internationale.
A titre d’exemple, à la fin du mois de novembre 2021, on aura trois jours de travail sur le roman palestinien avec des romanciers palestiniens ; en février 2022, il est prévu des activités autour du roman algérien et dans le mois de mai, nous allons tenir le colloque international du roman. C’est une manifestation ouverte à toutes les littératures du monde dont la littérature africaine francophone. En clair, nous partageons dans notre maison, des expériences romanesques.


En dehors de ces activités que nous pourrions qualifier de « rencontres professionnelles », la maison du roman ne prend –t- elle pas des initiatives de distinction, des concours pour distinguer et encourager les créateurs ?


Oui, il y en a. Nous avons quatre prix à décerner cette année : un prix est offert à un écrivain tunisien pour saluer son parcours d’auteur, il faut comprendre là que c’est une distinction pour les aînés. Nous avons le  Prix du roman de l’année en arabe, le Prix du roman de l’année en langue française et le Prix du manuscrit. L’année prochaine, nous souhaiterions ajouter à cette liste le Prix de la critique du roman. Ce sont des concours ouverts au peuple tunisien. Dans les années à venir, nous allons ouvrir des prix pour la littérature africaine francophone.


Ces activités suffiront-elles à positionner l’auteur et le roman tunisien ? Ou que prévoyez – vous pour y arriver ?
Dans cinq ans, nous allons transformer la maison du roman en un centre d’étude et de recherche de documentation autour du roman. J’ai déjà fait des conventions, des accords avec des laboratoires de recherches dans les facultés de littérature et de sciences humaines afin d’avoir les thèses, les mémoires de master et autres travaux de recherche sur le roman.
Nous pensons publier une anthologie du roman tunisien qui va tenir compte de la première publication en 1920 jusqu’en 2020. Mon équipe commencera à travailler sur les banques de données romanesques pour ce projet, à partir de janvier 2022.


Dans le cadre des JCC, vous avez coordonné l’adaptation de quelques nouvelles en cinéma, quatre nouvelles pour être précis. Dites – nous un mot sur cette activité.
Exact. Je voudrais d’abord préciser que cette activité n’est pas liée à la maison du roman. C’est un projet personnel, je fais de l’adaptation depuis 1996.
Il faut dire que c’est une expérience que nous avons faite pour commencer à laisser la main aux plus jeunes, à la nouvelle génération, nous pensons donner, par cette initiative, le charme de l’adaptation aux jeunes. Ce sont quatre nouvelles adaptées à quatre courts – métrages.


Quelle est votre lecture de l’adaptation des œuvres littéraires au cinéma ?
L’adaptation donne une bouffée d’oxygène à l’écriture. Malheureusement, ces derniers temps, on néglige un peu le livre. Le cinéma peut être un nouveau support de promotion de la littérature. Quelqu’un qui a vu le film va chercher à lire le livre. Même si le film est vu par un million de personnes, il y aura une centaine de personnes au moins qui iront chercher le livre qui est adapté, je pense que c’est déjà un pas. Même chose pour la télévision. Tout le monde a de la télévision chez lui. Mais on ne trouve pas de bibliothèques dans toutes les maisons.


Réalisation : Esckil AGBO, © BENINLIVRES, Tunis, novembre 2021